SYNDROME NASH,
LE FLEAU DU SIECLE ?
Cela pourrait ressembler à une épidémie. En quelques années, le nombre de patients atteints de syndromes NASH dans les pays industrialisés a fortement progressé, au point d’inquiéter les autorités sanitaires. Est-on à l’aube d’une véritable explosion du nombre de cas ? Certains chercheurs estiment qu’il y aura en 2030 près de 30 millions de personnes touchées par la NASH dans le monde, soit une progression de plus de 63% depuis 2005 !
Mais qu’est-ce que ce mystérieux syndrome NASH ?
Le syndrome NASH décrit une maladie chronique du foie avec surcharge en graisse et fibrose conduisant à la cirrhose hépatique (NASH = Non Alcoholic SteatoHepatitis – stéatohépatite non alcoolique), sans que cette cirrhose soit due à la consommation excessive d’alcool. La NASH est la forme la plus avancée et la plus grave de ce qu’on appelle aussi plus communément « la maladie du soda », ou « maladie du foie gras ».
Pourquoi maladie du soda ? Parce qu’il a été démontré que la surconsommation de sodas sucrés (à partir d’une cannette par jour seulement !) a des conséquences sérieuses sur la santé du foie. Elle provoque une accumulation progressive de graisse qui l’étouffe et provoque une inflammation chronique qui va conduire lentement à la destruction de l’organe devenu fibreux et défaillant (la cirrhose). En fait, au-delà du symbole de la canette de soda sucré, c’est plus généralement la surconsommation de sucres et de graisses qui conduisent au NASH.
La NASH est une maladie grave, irréversible et pour laquelle il n’existe pas actuellement de traitement. Au mieux on peut stabiliser la situation par un régime strict, la perte de poids pour diminuer drastiquement la graisse abdominale et la reprise d’une activité physique soutenue. Dans les cas les plus avancés, la solution de dernier recours est la greffe de foie, seulement si les conditions sont favorables, et si un greffon compatible est disponible…
Prévenir le NASH
Qui est concerné par le syndrome NASH ? En fait, avant d’arriver au stade avancé de NASH, pendant des années, les patients présentent un état préliminaire, pré-NASH : la stéatose hépatique simple. Il s’agit d’une surcharge en graisse du foie, qu’on observe souvent chez la personne obèse (surtout l’obésité abdominale, mesurée par le tour de taille), et chez le diabétique, mais aussi, comme on l’observe de plus en plus souvent, chez la personne simplement en surpoids durant des années, trop sédentaire, s’alimentant mal. En fait, près d’une personne sur cinq en France serait au stade pré-NASH, beaucoup sans même le savoir, la maladie étant encore peu connue du grand public (c’est devenu la maladie chronique du foie la plus fréquente, devant les hépatites C). Environ 10% des stéatoses évoluent vers la NASH et la cirrhose terminale (foie totalement fibreux, comme une cicatrice).
Souvent le diagnostic de stéatose hépatique est fait fortuitement, lorsque le médecin fait un bilan pour un diabète ou une obésité, ou suite à une analyse de sang qui montre un bilan hépatique perturbé. La plupart du temps la stéatose est très discrète et ne provoque aucun symptôme, ce qui explique qu’elle est souvent découverte tardivement. En cas de doute, le diagnostic de certitude peut être fait par l’échographie et l’élastographie impulsionnelle (qui mesure le degré de fibrose du foie, signant le début du NASH), complété exceptionnellement par une biopsie du foie, mais ces examens sont réservés aux formes déjà avancées de la maladie.
Alors, que faire pour éviter le NASH ? Eh bien, déjà éviter l’état de Pré-NASH, la stéatose ! Pour cela, avec son médecin, il faudra traiter l’obésité (et le surpoids) en suivant surtout l’évolution du tour de taille, le diabète (et même le pré-diabète), surveiller l’apparition d’une hypertension artérielle, réduire un excès de cholestérol LDL. Tout cela peut être prévenu par une meilleure alimentation, en réduisant l’apport en sucres, graisses, et évidemment alcool (autre toxique pour le foie), et en adoptant une vie plus saine et active, moins sédentaire, faisant la part belle à l’activité physique régulière (20 minutes par jour minimum !). Evitez les aliments industriels comme les plats préparés, les confiseries, le sucre blanc, évidemment les sodas sucrés, ne consommez que très modérément et très occasionnellement de l’alcool, choisissez les aliments en fonction de leur nutriscore, faites la chasse au sucres cachés en apprenant à lire la composition nutritionnelle sur les emballages, privilégiez fruits et légumes et la variété des aliments, mieux encore, préparez vous-même vos petits plats à partir d’ingrédients frais, et surtout, prenez plaisir à manger sainement !
La NASH : une malédiction inévitable ?
Non ! Même s’il existe des facteurs de risque génétiques contre lesquels on ne peut rien (la NASH touche plus fréquemment les moyen-orientaux et sud-américains, les hommes plus que les femmes, par exemple), la prévention est réellement efficace et finalement peut se résumer à : manger mieux, moins, et bouger plus, plus souvent. Cela tombe bien, car ce sont les mêmes ingrédients pour réduire le risque de diabète, de maladies cardio-vasculaires, et même de cancer !
Alors, soyez sympa avec votre foie, adoptez l’anti NASH attitude ! :-)
Dr Pierre Mouillard
Médecin, Toulouse