Infections hivernales : la prévention à portée de mains !

Gastro-entérites, angines, rhume, rhino-pharyngites… tous ces petits tracas s’attrapent volontiers en hiver et peuvent provoquer fièvre, inconfort digestif et douleur dont on se passerait bien. Dans tous les cas, un point commun : il faut entrer en contact avec l’agent pathogène, le microbe (virus le plus souvent), pour contracter la maladie. Donc, pour éviter de tomber malade, il suffit en théorie de se protéger en évitant ce contact. Encore faut-il savoir comment faire ! À ce sujet, il existe pas mal d’idées reçues à combattre et de bons gestes à apprendre : faisons le point.

Toutes les infections saisonnières se déclenchent lorsque l’organisme est mis en contact avec des virus (2/3 des cas), ou bactéries, plus rarement des champignons microscopiques. Les portes d’entrée sont les zones d’échange avec l’extérieur, le nez, la bouche, les yeux, soit par inhalation (gouttelettes infectées en suspension dans l’air, notamment celles projetées par les personnes qui toussent), soit par contact direct sur les muqueuses (notamment contact oral avec les mains souillées ou des objets contaminés).

Les microbes sont tout à fait à l’aise durant la saison froide et humide, même des températures négatives ne les tuent pas. Par contre, l’hiver, nos muqueuses sont agressées, plus fragiles, et se protègent en se recouvrant de mucus qui fait une barrière contre le froid, mais constitue aussi un milieu favorable aux microbes pour s’y installer et entrer en contact avec les cellules muqueuses qu’ils vont infester.

 

 

Rester vigilant et adapter son comportement

En période d’épidémie, la première chose à faire c’est d’apprendre à reconnaitre les situations à risque de contamination pour les éviter. Le risque le plus important de contamination est évidemment la proximité des personnes déjà infectées, et ce risque est d’autant plus important qu’on se trouve dans des situations de collectivité : lieu de travail, transports en commun, contact avec le public, réunions de famille, école...

 

Dans ces conditions, il est raisonnable d’éviter les contacts comme se serrer la main ou s’embrasser pour se dire bonjour, d’adopter des règles d’hygiène comme tousser dans sa manche ou dans un mouchoir (beaucoup plus efficace que simplement mettre la main devant la bouche, le tissus faisant filtre et retenant les microgouttelettes émises), ne pas partager les tasses et mugs ou tout type de vaisselle (chacun sa tasse, personnellement attribuée et régulièrement lavée), utiliser des serviettes et mouchoirs jetables (ne pas utiliser de linge de maison partagé), se laver les mains très régulièrement et soigneusement avant les repas ou de faire la cuisine, éviter de toucher les aliments. En cas de soins apportés à un enfant malade, et systématiquement avant et après le change de couches, il faut également se laver les mains soigneusement, car les enfants sont souvent vecteurs d’infection pour les adultes.

 

On peut aussi préconiser l’usage de masques filtres jetables, pour se protéger au contact de personnes infectées, ou à l’inverse et surtout, pour éviter de contaminer son entourage quand on est malade.

 

Enfin, on évitera d’exposer les jeunes enfants et les personnes âgées, les personnes ayant une immunité diminuée (par exemple les personnes recevant une chimiothérapie anti-cancéreuse) en les faisant rencontrer des personnes malades ou les amenant en période épidémique dans des endroits de forte concentration humaine comme les transports en commun bondés, ou des lieux de rassemblement.

Attention aussi de ne pas devenir un « transporteur sain » de germes : la rencontre avec une personne malade, ou le contact avec des équipements collectifs (poignées, rampes, escalators, robinets, sièges d’attente ou de transports en commun…) peut provoquer un transfert bactérien ou viral sur les vêtements, les mains, qui à son tour pourra contaminer une autre personne un peu plus tard. Il faut donc prendre l’habitude de se laver les mains systématiquement lorsqu’on change de lieu, quand on rentre à la maison ou qu’on arrive au travail, par exemple. Les virus et bactéries peuvent survivre dans le milieu ambiant plusieurs heures, voire un jour ou deux, surtout sur support humide. Noter que les personnes malades sont généralement contaminantes à leur maximum au début de la maladie, quand les premiers symptômes commencent seulement (par exemple un début d’angine ou de toux sèche), il est donc utile de prévenir son entourage quand les premiers signes se présentent.

 

Il est important de prendre conscience des comportements reflexes à risque que l’on peut avoir sans s’en rendre compte vraiment. Ainsi, il a été mesuré que nous provoquons plus d’une centaine de fois par jour un contact main – bouche, parfois simplement pour se frotter ou sans but précis, comme par réflexe. Et évidemment, il n’est pas recommandé de se ronger les ongles, pour les mêmes raisons !

 

Prendre des mesures d’hygiène personnelle et s’y tenir, surtout en période épidémique, c’est se protéger, mais aussi protéger les autres, et rendre service à la collectivité autant qu’à soi-même. C’est un geste citoyen pour le bénéfice de tous. Il est donc souhaitable que chacun fasse la promotion de l’hygiène autour de lui en en parlant avec ses collègues, en éduquant les enfants par la démonstration des gestes essentiels d’hygiène et en étant exemplaire au quotidien. La santé de tous et la prévention des maladies infectieuses est à ce prix.

 

 

L’hygiène des mains, clé de la prévention

 

Beaucoup d’infections sont tout simplement transmises par l’intermédiaire des mains lorsqu’elles sont souillées. C’est pourquoi l’hygiène des mains est considéré par l’OMS (Organisation Mondiale pour la Santé) comme un élément clé de la prévention contre les infections, notamment saisonnières, comme le rhume, la grippe, les gastro-entérites, les angines.

L’arme principale contre la contamination infectieuse est tout simplement le lavage des mains ! Encore faut-il que ce geste soit exécuté correctement. Bien se laver les mains s’apprend, et certains principes sont à respecter :

 

  • On débute le lavage en mouillant abondamment les mains, en remontant jusqu’aux poignets, avec de l’eau chaude courante, sous le robinet.
  • Ensuite on utilise un savon, solide ou liquide, idéalement antiseptique, en quantité suffisante pour faire mousser, en frottant une main contre l’autre.
  • On commence par frotter paume contre paume, puis paume contre dessus des mains, puis entre les doigts en les écartant un à un, enfin on s’attardera sur le bout des doigts, la pulpe, les contours des ongles, y compris les pouces, pour finir par le lavage des poignets en remontant au moins d’un tiers sur l’avant-bras.
  • Si les doigts sont particulièrement sales (comme après du jardinage ou bricolage, par exemple), on peut s’aider d’une petite brosse souple à poils synthétiques et brosser le bout des doigts sans trop appuyer ni insister pour ne pas traumatiser l’épiderme (cela créerait des sillons en surface la peau propices à l’installation de bactéries, ce qui n’est pas ce qu’on recherche).
  • Le rinçage est aussi une étape importante, souvent négligée. Il faut rincer abondamment les mains savonnées, jusqu’à éliminer toute la mousse et qu’il ne reste aucun dépôt en surface de la peau. L’utilité fondamentale du savon lors du lavage est de faciliter le décollage et le captage des souillures qui seront éliminées par le rinçage. Si le savon contient un antiseptique, en plus de l’effet mécanique de décollage des microbes, il aura la propriété de neutraliser et détruire les bactéries, champignons et même virus, donc d’être un peu plus efficace.
  • L’essuyage des mains est une étape importante également. Il ne s’agit pas seulement d’évacuer l’humidité et sécher les mains. Le séchage avec une serviette en papier permet le transfert et l’élimination des résidus de lavage qui ont échappé au rinçage sur le papier (ce que ne permet pas le séchage par système soufflant). Un bon séchage prend du temps, et doit être fait soigneusement, en insistant dans les plis et entre les doigts. L’objectif est d’obtenir des mains parfaitement sèches, pas seulement un peu épongées et restant humides (ce qui prend au moins une minute avec les appareils soufflant de l’air chaud). Hors de la maison.

 

 

Un lavage de mains efficace prend au minimum une minute au total. Il faut laisser le temps au savon d’agir et dissoudre les saletés adhérant à la surface de la peau. De même le rinçage et séchage sont des étapes à ne pas négliger qui vont prendre au moins une minute. Sans tomber dans l’obsession, il peut être intéressant de revoir régulièrement sa routine de lavage des mains pour plus d’efficacité en tenant compte des conseils ci-dessus, afin de générer de nouveaux réflexes.

 

 

Lavage des mains : ce qu’il ne faut pas faire !

Certaines habitudes ont la vie dure et compromettent la qualité du lavage de mains. Citons-en quelques-unes :

 

  • Se laver trop peu souvent les mains: c’est le défaut le plus courant. Par paresse ou par manque de temps, nous sautons facilement des lavages pourtant indispensables… comme ceux à faire quand on change de lieu, avant de manger un snack, quand on sort des transports en commun…
  • Se laver trop vite les mains: l’effet désinfectant n’a pas le temps de se faire de manière optimale. Prenez le temps de l’hygiène, c’est aussi une manière de faire une pause et de prendre soin de soi.
  • Se laver les mains sans savon et sans les sécher complétement : c’est le classique mouillage à la va vite des mains en sortant des toilettes, sans savon et sans séchage complet. Cette mauvaise habitude est plutôt pire que pas de lavage du tout, car elle favorise au contraire la diffusion des germes en leur apportant l’eau dont ils ont besoin pour survivre…
  • Se laver les mains et se re-contaminer tout de suite: se laver les mains correctement ne fait que « remettre à zéro » l’état contaminé de la peau. Il n’y a pas d’effet protecteur rémanent, une nouvelle contamination est à nouveau possible immédiatement après. Pensez-y en fermant le robinet du lavabo, en touchant la poignée de porte des toilettes en sortant, ou en serrant la main d’un ami juste après… Préservez vos mains le plus longtemps possible jusqu’au prochain lavage !
  • Trop se laver les mains, ou ne plus penser qu’à ça: le lavage de mains ne doit pas tourner à l’obsession et devenir un TOC (trouble obsessionnel compulsif) ou le résultat d’une phobie des microbes ! Atteindre la perfection dans le domaine de l’hygiène est impossible et sans doute pas souhaitable. Il faut juste connaître les risques et mieux les éviter… le bénéfice obtenu sur la santé est déjà considérable.

 

Les solutions hydro-alcooliques (SHA)

 

On ne peut pas toujours se laver les mains dans les conditions optimales, disposant d’un lavabo, de savon et de moyen de séchage. C’est dans ce cas que les solutions hydro-alcooliques peuvent être utiles. Largement utilisés depuis des années dans les hôpitaux par les professionnels de santé, ils sont recommandés par les instances de santé publique, l’OMS et les médecins, car ils ont fait la preuve incontestable de leur efficacité pour lutter contre la propagation des maladies infectieuses dans les centres de soins. Leur usage est recommandé sans véritable limite, avant et après tout contact avec un patient, au point que beaucoup de centres ont équipé chaque chambre d’un distributeur de SHA.

Les SHA (solutions hydro-alcooliques) se présentent généralement comme des liquides ou gel en flacon, et sont composés d’eau stérile et d’alcool (éthanol ou isopropanolol le plus souvent, dans une proportion de 60 à 70%) associé à un émollient (glycérol) qui leur donne une consistance visqueuse. La composition des SHA est réglementée et doit respecter des normes strictes (NF EN 1040-1500-14476-1275) pour permettre au produit de prétendre être désinfectant contre les bactéries, virus, et champignons pathogènes.

 

Les SHA purs sont d’une manière générale très bien tolérés, mais on leur reproche parfois de laisser les mains sèches, surtout en usage fréquent. Certaines formulations contiennent des parfums et des colorants pour rendre le liquide bleuté ou rose, les deux pouvant être allergisants. Différentes formes existent : en grand flacon à pompe pour la maison ou le bureau, petit flacon pour emmener partout avec soi, mais aussi lingettes imprégnées, des sprays, mousses. Attention, certains gels vendus sur Internet ou disponibles chez des soldeurs, ou distribués comme échantillon gratuits n’ont pas une composition normalisée, contiennent une proportion faible d’alcool et ne sont pas véritablement désinfectants. Pire, ils peuvent parfois contenir des additifs douteux parfois non indiqués sur l’étiquette.  Il est donc recommandé de se fournir chez des distributeurs fiables, idéalement en pharmacie. Une fois le flacon entamé la solution se conserve environ 2 mois. Au-delà de ce délai il vaut mieux la remplacer. Donc, à titre individuel il est préférable d’utiliser des formats de taille moyenne (moins de 500ml), plutôt que les grands formats destinés à un usage en collectivité.

 

 

Comment utiliser les SHA ?

 

Les solutions hydro-alcooliques doivent être impérativement utilisées sur peau sèche.

Une erreur classique est de les utiliser comme on le ferai avec un savon liquide, en l’appliquant sur mains mouillées. La dilution de l’alcool par l’apport d’eau diminue drastiquement les capacités désinfectantes de la solution. Attention : les SHA ne sont pas des nettoyants, ils ne permettent pas d’enlever la saleté comme pourrait le faire un savon.

 

Il est contre-indiqué d’utiliser les SHA sur les plaies, les muqueuses (ne pas mettre dans les yeux ou sur les lèvres !), la peau irritée ou en cas de maladie dermatologique.

 

Pour désinfecter la peau de manière optimale, il faut déposer une dose de SHA dans le creux de la main, puis frotter une main contre l’autre pour étaler la solution sur toute la surface de la peau coté paume comme dos de la main, entrelacer les doigts pour bien enduire les espaces interdigitaux, et ne pas oublier les ongles en grattant le creux de la paume d’une main avec le bout des doigts de l’autre main. Le processus doit durer environ 30 secondes. Il ne faut pas essuyer les mains en fin d’opération, le séchage se fait tout seul par évaporation.

 

L’efficacité désinfectante est au moins aussi bonne que le lavage de main classique avec du savon. Par contre, les SHA ne permettent pas de nettoyer la peau, et c’est pourquoi on recommande de se laver les mains avec du savon toutes les 3 utilisations de SHA.

 

 

Idées reçues sur les SHA

 

L’utilisation massive par le grand public des solutions hydro-alcooliques ont fait naitre des craintes dont la plupart sont injustifiées. En voici quelques-unes :

 

Les SHA contiennent une forte concentration d’alcool, ce qui fait craindre une intoxication alcoolique. En fait, l’alcool des SHA n’est pas absorbé par la peau, pas de risque de se retrouver avec une alcoolémie augmentée ! Par contre, il n’est pas recommandé d’inhaler la solution au moment de son application, l’alcool volatilisé peut provoquer une ébriété passagère surtout chez de très jeunes enfants.

Les SHA ont la réputation de dessécher et agresser la peau, surtout en cas d’usage intensif. En fait, des études ont montré que ce n’était pas plus desséchant que le lavage à l’eau et savon. Il est recommandé en cas de peau naturellement sèche d’appliquer le soir au coucher une crème hydratante grasse pour nourrir la peau et l’adoucir.

 

Il est parfois reproché au SHA de participer, au même titre que les antibiotiques utilisés avec excès, à la sélection de germes en faveur de l’émergence de bactéries multi-résistantes. En fait, ceci est scientifiquement prouvé comme faux ! Les SHA désinfectent totalement, et les bactéries ne peuvent pas « apprendre » à résister et transmettre à leur descendants cette capacité de résistance. Certaines rares bactéries résistent à l’alcool, mais ce n’est pas pour autant une résistance acquise qui pourrait poser un problème de santé publique.

 

Les SHA ne contiennent pas de perturbateurs endocriniens ! Ils ne sont pas contre-indiqués aux femmes enceintes ! Et ne sont pas cancérogènes… Il ne faut juste pas les boire.

 

 

Passer l’hiver sans infection : oui c’est possible !

L’angine, la rhino-pharyngite, le rhume, et même la grippe… une fatalité hivernale ? Il est certes parfois difficile d’y échapper quand l’épidémie bat son plein. Mais les mesures de prévention comme l’hygiène des mains, la pleine conscience des comportements à risque de contamination, et quelques mesures de prévention (comme la vaccination antigrippale) suffisent souvent à éviter le contact avec les microbes et protègent véritablement. On peut donc le dire : c’est à portée de mains !