L’aromathérapie au cœur des sens
Médecine naturelle et douce, l’aromathérapie se développe de plus en plus en France. C’est une approche de soins à part entière reposant sur les essences aromatiques des huiles essentielles. Comment les utiliser ? Quels en sont les bienfaits ? Quelles sont les mesures de précautions à prendre ? Suivez le guide.
Quelle définition ?
Le terme « aromathérapie » a été inventé en 1928 par un ingénieur-chimiste lyonnais René-Maurice Gattefossé, un des pères fondateurs de cette branche de la phytothérapie contemporaine. L’aromathérapie consiste à utiliser les composés aromatiques extraits de plantes. Autrement dit les huiles essentielles. L’agence du médicament l’ANSM définit ces dernières comme « un produit odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une matière première végétale botaniquement définie, soit par entraînement par la vapeur d’eau, soit par distillation sèche, ou par un procédé mécanique approprié sans chauffage. L’huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique n’entraînant pas de changement significatif de sa composition ». En clair, l’aromathérapie appartient à la grande famille de la phytothérapie, la médecine par les plantes.
Comment ça marche ?
Aujourd’hui, il existe plus de 100 essences issues de végétaux qui servent à fabriquer des huiles essentielles ! Vous pourrez les utiliser selon différents modes d’action :
- La voie orale ou interne : les huiles essentielles peuvent être prises en gouttes. Cette voie d’administration permet notamment une grande précision de dosage pour le patient et une bonne disponibilité des constituants. Attention, cette biodisponibilité efficace induit également un risque toxique important si vous surdosez votre traitement. Voilà pourquoi l’automédication est fortement contre-indiquée. Un avis médical est donc vivement conseillé avant de recourir à l’aromathérapie par voie orale.
- La voie cutanée ou externe : même si l’huile essentielle pénètre la peau en moins de 10 minutes, cet usage par massage notamment reste relativement peu toxique. Aucun cas de décès suite à l’absorption dermique d’une huile essentielle n’a été répertorié. En revanche, les huiles essentielles peuvent provoquer des réactions allergiques ou des irritations. Petite astuce pour prévenir ces désagréments, faites le test du pli du coude. Déposez deux gouttes au niveau du pli du coude et observez s’il y a une réaction au niveau de votre épiderme.
- La voie respiratoire : grâce à des diffuseurs d’ambiance, les huiles essentielles sont vaporisées dans l’atmosphère. Il peut s’agir de diffuseur électrique ou de lampe à brûler. Vous pouvez également les inhaler ou bien recourir à la fumigation. Les substances pourront passer dans le sang via les alvéoles pulmonaires, mais aussi via l’épithélium olfactif. Cela reste une voie d’utilisation relativement inoffensive à partir du moment où certaines précautions sont prises. Veillez par exemple à ne pas vous exposer de manière prolongée, pas plus d’une heure.
- La voie rectale : il existe des suppositoires contenant des huiles essentielles.
Quelle efficacité ?
Les huiles essentielles sont composées de molécules qui possèdent des actions chimiques. Cependant, l’aromathérapie appartient aujourd’hui encore à la médecine dite alternative. Quant à son efficacité elle reste toujours discutée et dépend surtout du mode d’administration.
Par exemple, l’inhalation s’avère être le plus efficace pour lutter contre les infections des voies aériennes. En cas de piqûre de moustique par exemple, l’application cutanée semble logiquement la plus appropriée. Vous souffrez d’un rhume ? L’eucalyptus radié en inhalation ou de la menthe poivrée peuvent s’avérer très utiles. Déposez quelques gouttes sur un kleenex et faites plusieurs inspirations profondes toute la journée pour dégager la congestion nasale.
Contre le stress et ses conséquences, appliquez une goutte d’huile essentielle de petit grain bigarade et une autre d’orange douce sur un mouchoir. Ces deux huiles essentielles peuvent également être utilisées dans votre bain ou simplement en les appliquant au niveau du plexus solaire. Enfin pour les sportifs, le mariage de l’eucalyptus citronné et du romarin ferait des merveilles contre les crampes.
De manière générale, l’aromathérapie semble présenter des propriétés antalgiques et anti-inflammatoires locales, antiseptiques, sédatives, relaxantes. Ses effets sur les troubles de la digestion sont également bien documentés. A noter que par exemple, l’huile essentielle de menthe poivrée a fait l’objet d’une monographie publiée par l’agence européenne du médicament.
En soins de support ?
Par ailleurs, l’aromathérapie peut sembler être une option tout à fait pertinente pour compléter les soins oncologiques de support. Notamment pour gérer la douleur des patients. Certaines huiles essentielles ont montré dans des études cliniques des résultats positifs, à l’image encore une fois de la menthe poivrée contre les nausées et les vomissements. Mais aussi de la lavande vraie pour diminuer les troubles anxieux chez les patients souffrant d’un cancer.
Des huiles essentielles bonnes pour la mémoire
Ce n’est pas tout. En complément des traitements, les huiles essentielles sont également conseillées aux patients atteints de troubles de la mémoire. En plus d’apaiser les tensions par les senteurs (camomille, lavande, eucalyptus…), l’aromathérapie agit en effet sur les neurones par le biais de l’olfaction, éveille les personnes âgées et les aide donc à mieux communiquer avec leur entourage.
A noter : pour une action optimale des huiles essentielles, mieux vaut utiliser des produits issus de l’agriculture biologique purs (non coupés ou mélangés à des molécules de synthèse). Par ailleurs, si vous suivez un traitement homéopathique, attendez une heure après la prise de vos granules avant d’utiliser une huile essentielle, sous peine d’annuler totalement l’efficacité de votre traitement.
Quelles précautions ?
Si naturelles soient-elles, les huiles essentielles ne sont pas dénuées de risque. Pour tout savoir sur les précautions d’utilisation, les contre-indications ou encore les potentiels effets toxiques, nous vous invitons à visionner notre brève animée spécifiquement dédiée à ce thème.
Sources :
Thèse d’Antoine Desseaux. Aromathérapie en cancérologie : rationnel, intérêt et limites. Sciences pharmaceutiques. 2018. Dumas-01928000
Collège international d’aromathérapie scientifique
« La gériatrie par les huiles essentielles », Dr Michel Faucon, docteur en pharmacie et aromatologue. Editions Sang de la Terre.